Hebergeur d'imageParce que tout semble couler de source, tout arrive dans une grande fluidité; voilà qui sied bien à notre journée conviviale.
Maintenant que nous sommes bien rôdés, les bons gestes (pose de la banderole, installation des objets à échanger, du matériel vidéo…) s’accomplissent de la façon la plus naturelle, sans effort.,

Le soleil clapotait doucement dans le décor, ce matin-là, sans tapage superflu et notre balade habituelle put creuser agréablement son sillon dans un lit de cailloux rongé d’herbes Saint Paul, de gros chiendents et de fatak… Le décor semblait nous attendre. Nous voilà cheminant dans cet hourvari minéral d’où émergent ici et là de belles sculptures, des têtes principalement, taillées dans de gros blocs de scories. Ici, vois-tu, un certain Richard taquine le burin et peuple la Koline de ces présences incontournables, hiératiques Si les elfes existent ,alors ils sont de connivence avec notre sculpteur pour créer cette atmosphère si particulière, pour l’inspirer et guider nos regards.
Nous avons traversé à plusieurs reprises la rivière avec beaucoup d’application, car un galet qui roule peut faire pleurer misère à toute cheville infortunée. Par ces temps d’étiage, l’eau s’étire paresseusement dans son lit de galets et de songes noirs. Les bassins jouent la carte de la transparence et surtout …de la fraîcheur.

Pas étonnant alors, qu’aucun candidat à la baignade ne se manifeste. Nous prenons le temps de savourer des yeux, nous avons besoin aussi d’un peu de « mangé pou le kèr » pour conforter notre humanité constamment mise à dure épreuve au quotidien.

Je le dis sans honte, lecteur, l’émotion était présente, car le beau y a depuis longtemps installé son quartier « divers ». Marcher,ici ou ailleurs, c’est une façon de se défaire de cette vieille peau de l’habitude qui nous cuirasse le corps et le coeur. Notre âme d’enfance retrouve ses couleurs, sa fraîcheur. Quel plaisir de grimper sur un pié de zomblon, secouer les branches pour faire tomber ses fruits mûrs !
Quelle montée d’adrénaline, par ailleurs, quand soudain le chien de X se met à courser un coq batay et que retrouvant ses instincts de chasseur il nous oblige à intervenir énergiquement. Le pire a été évité. On a eu chaud, mais c’est déjà de l’histoire ancienne, une anecdote rangée dans le tiroir des souvenirs.

Nous devisons en toute simplicité et faisons connaissance,car quelques nouveaux Sélistes sont de la partie et les échanges vont bon train. Certains découvrent avec étonnement cet habitat si particulier où la récup se taille la part du lion, où l’esprit rebelle habite ces cases à l’abri des clôtures de tôle.

Dans ce petit coin tranquille, quelques personnes vivent volontairement sans électricité ni eau de ville. Un tuyau courant sur des centaines de mètres parfois, leur apporte en permanence l’eau de la rivière libido-de.com. Nous n’avons pu malheureusement converser avec l’un de ces « robinsons » modernes mais nul doute que ce sera chose faite la prochaine fois. Le temps nous a manqué, il fallait revenir au camps, pardon, au Kase. Et là , nous avons sacrifié avec plaisir au rite habituel: DVD, livres, confiture, miel, etc…ont changé de mains, dans une belle ambiance .

Puis, rassemblé en cercle, nous nous sommes présentés; nous avons mis sur le tapis le contenu de nos offres et demandes.Une nouvelle Séliste, venue de l’ouest, nous a captivés par son bref  récit de voyage autour du monde, deux ans durant, avec son mari. Nous faisons le voeu qu’elle nous ouvre davantage son « carnet de voyage » lors d’un prochain atelier, évidemment…

Le repas champêtre, nous ramena à la rivière, à l’ombre des pié d’ zomblon. Malgré un petit vent coulis intempestif, ce fut un agréable moment de convivialité. Les préparations des uns et des autres avaient pris nos papilles en otage,avec notre consentement bien sûr.

Revenus au Kase, nous avons eu droit à un atelier d’aromathéraphie, axé principalement sur les hydrolats, mené de main de maître par Marc Van Gramberen
Pendant ce temps Patrice Louaisel régalait son auditoire sur les religions et croyances à la Réunion.

Et puis…et puis…le mot FIN vint à point nommé clôturer cette magnifique journée. Je me souvins alors de cette envolée de ce poète bien connu:

« A l’usine Rambaud du fond de la rivière
le fleuve Saint Denis roule dans ses galets
Le linge délavé, mille fois relavé
Sous le coton maïs des noires lavandières »

Voilà lecteur, j’ai essayé d’être le plus fidèle possible en espérant
ne pas trop t’avoir ennuyé. A bientôt!

Jean Michel Rangla

  • Auteur/autrice de la publication :
  • Publication publiée :8 juillet 2013
  • Post category:Regroupements