Courrier…

Bonjour à tous,

Le SEL était certes novateur dans les années 1990.

Il y en a déjà eu trois à la Réunion qui ont disparu faute de réelle participation DURABLE des gens et surtout parce que les biens et services proposés à l’échange étaient déséquilibrés, en quantité et surtout en nature. J’ai participé à TROCSEL (le N°2) j’y ai passé des centaines d’heures sans arriver à remuer l’inertie de participants, hors quelques rares militants qui ne sont là que pour consommer et dont la « solidarité » s’arrête très vite. J’ai entendu parler du 3eme sans y participer parce que j’étais déjà passé à la monnaie interne avec le Merci d’AID directement dérivé du Merci « écosocietal » (www.societal.org) développé par le GRESSO dont notamment les économistes André Jacques Holbecq et Philippe Derruder (voir ces noms sur Google et leurs livres aux éditions « Le Souffle d’Or »)

Voilà donc un 4ème SEL ? En quoi va-t-il être différent des précédents ?

Ce qu’il faut désormais faire c’est une véritable monnaie locale pour développer une économie alternative, compétitive avec celle en euros,  qui donnera du pouvoir d’achat à ceux qui travaillent sans les enfermer dans un cadre d’échange restreint, et qui permettra de mettre en valeur les potentialités locales, aussi minimes soit-elles et surtout toutes celles qui n’intéressent pas les capitalistes parce qu’il n’y a pas de grosse marge à faire mais juste à valoriser l’activité « à sa juste valeur » !

C’est ce que font des milliers de gens dans des dizaines de villes en métropole déjà. Il y a une liste d’échange nationale. (Chercher monnaies locales !)

L’avantage c’est que n’importe qui peut y participer dans son cadre d’activité, notamment des petits entrepreneurs qui ont parfaitement le droit d’avoir une comptabilité en deux monnaies (surtout si elles sont à parité) pour élargir leur clientèle…

Il y a déjà eu des propositions ici, des cafés citoyens ont été organisés pour présenter ce que c’est qu’une monnaie locale, à quoi ça sert et comment ça marche (on a même déplacé un sénateur en 2009 !) , mais personne apparemment ne veut s’y mettre réellement, soit que les gens soient satisfaits de leur sort et ne cherchent que de la compagnie gratuite,  soit qu’ils n’aient pas envie de faire l’effort de penser les échanges différemment et de partager réellement.

Pour info voir sur le site d’AID dans les « cafeco » et les « Repaire de Là-Bas si j’y Suis ».

En 2003, la Région a  fait une étude avec la Caisse des Dépôts pour étudier l’opportunité d’un fonds (de plusieurs dizaines de millions d’euros) de garantie d’un SEL à l’échelle de toute l’Ile (j’avais été interviewé en tant que trésorier de Trocsel par le bureau d’études). Etude finalement restée lettre morte.

En réalité on n’a pas besoin de ce fonds de garantie car une monnaie c’est de la confiance (monnaie fiduciaire vient de fiducia, confiance en latin). Il y a juste besoin d’euros pour acheter globalement ce qu’on ne peut échanger directement en monnaie locale. Les associations peuvent fournir les euros par leurs donateurs. Les collectivités locales aussi, au lieu de donner des subventions en euros aux associations. Il est possible d’aller voir la CAF ou d’autres administrations.

Avec une monnaie locale, le fonctionnement des boutiques de solidarité, épiceries solidaires et autres entreprises d’insertion peut être grandement amélioré : elles peuvent vendre les produits à leur vraie valeur en monnaie locale que chacun se procurera par son travail ou par des dons en euros en fonction de son revenu.

Au Brésil le compagnonnage des jeunes élèves par des plus âgés est récompensé par une monnaie spécifique, tout au long de la scolarité , qui permet au jeune devenu étudiant de payer ses frais d’inscription.

Il y a énormément de choses que l’on peut convertir ou acquérir en monnaie locale et il en existe déjà autour de nous (la plupart des cartes de fidélité sont des sortes de monnaies locales qui ne disent pas leur nom quand avec vos « points » ou vos « miles » vous pouvez acquérir quelque chose ou le payer moins cher en euros.) libido-de.com

Seulement pour marcher une monnaie locale désormais doit être supportée par un système de gestion fiable avec soit une carte à puce (la carte Moneo le permet) soit l’utilisation d’une fonction du GSM soit par transfert par internet sécurisé.  Il faut donc atteindre une « masse critique ».

La Banque Postale sponsorise le site de financement alternatif KISSKISSBANKBANK, elle pourrait faire de même avec un projet de monnaie locale réunionnaise, par exemple en mettant à disposition le système de gestion informatique et en gérant les fonds en euros apportés par les participants.

Et surtout la monnaie locale permet d’arriver très vite, surtout dans un territoire géographiquement circonscrit comme toute île, à un revenu de base inconditionnel voire à un revenu universel.

JMT

Réponse :  Pourquoi un SEL, ou les leçons de l’expérience

Certes JMT a vécu une expérience personnelle douloureuse, et celle-ci, enrichissante pour chacun d’entre nous, mérite d’être entendue.

Il nous parle de « TROCSEL », 1er SEL des DOMS, né en 1996, à peine 4 ans après la 1e expérience ariégeoise des SELS de France. A l’époque le concept était totalement novateur… La Réunion n’était pas prête, engoncée qu’elle était – déjà – dans  une société de profit et n’ayant pas encore pris la distance nécessaire avec une société où l’argent est roi. Depuis 15 ans, la crise aidant, des gens s’interrogent, se sentent mal à l’aise, souhaiteraient la ré-émergence d’autres valeurs telles que celles d’amitié vraie et désintéressée, de partage et de solidarité au quotidien. A nous de les accompagner dans cette quête autant que faire se peut.

TROCSEL a tout de même fonctionné 6 ans avant qu’un grave accident n’affecte son 2e président… Et quelques mois d’absence ont malheureusement suffi pour que l’esprit du SEL se perde, la solidarité et la participation avec… Il n’est jamais facile d’inscrire durablement un changement d’état d’esprit et de participation active.

C’est que notre société de consommation forcenée s’est inscrite dans les esprits et même dans les coeurs de nos concitoyens. Tous les W.E les parkings des grandes surfaces en attestent, chacun rêvant de ce que vient d’acquérir le voisin… Faut-il dès lors pour autant s’inscrire dans un semblable projet de vie, où seuls comptent intérêt personnel et profit , où la jalousie est flagrante comme si posséder ne devait qu’être la seule valeur possible ?

Parallèlement, n’y a-t-‘il pas quelques esprits « éclairés », ouverts à un autre monde plus juste, plus fraternel et plus humain ? N’est-il pas de notre devoir de les accompagner dans une autre démarche même si les premières décennies seront forcément rudes car les valeurs de partage, d’amitié et de solidarité ne sont pas fréquentes « dans ce monde de brutes »  ni  aujourd’hui spontanées ?

Et bien nous,  membre de RéuniSEL, nous y croyons à ce monde nouveau, différent de celui qui nous environne et nous ne nous laisserons pas laminer par celui-ci.  Même s’il s’agit d’un challenge difficile, exigeant, même s’il nous faudra à tous faire des efforts pour « grandir » ensemble avec nos réussites et nos échecs – dont il nous faudra toujours tenir compte – et même s’il nous faudra de temps à autre, peut-être dissuader d’adhérer un « sympathisant » qui n’a pas vraiment « l’esprit du SEL », préférant ainsi la qualité à la quantité…

La communication – dans le respect de la différence – entre des personnes aux âges, sexes, statuts sociaux, couleurs de peau n’est jamais facile mais si enrichissante et si rare aujourd’hui !

Le partage – dans notre monde d’individualisme – s’apprend lui aussi, entre autres par le concept de « repas-partage » où chacun « mitonne » un petit plat préparé avec coeur et le propose aux autres.

La solidarité enfin, se développera avec RéuniSEL, entre autres grâce au partage des tâches et à  la « contribution volontaire » à l’association où chacun est convié dès l’adhésion à apporter le meilleur de soi même à la réussite de notre mouvement. Grâce à celle-ci, on passe automatiquement du statut de consommateur si fréquent dans la plupart des associations à celui de « consom’acteur », véritablement associé au développement d’un nouvel état d’esprit.

Le reste, l’échange en particulier est entre les mains de nos adhérents : il sera indispensable qu’au delà du « catalogue d’offres et demandes » chacun ne soit pas passif en attendant béatement les coups de téléphone. Lire les demandes d’objets, services et savoirs des uns et des autres et se demander si on peut les satisfaire devra être notre souci principal avant de prendre notre téléphone et de nous proposer pour rendre le service demandé ou proposer un savoir dont nous disposons.

La participation aux journées conviviales, après en avoir choisi conjointement les thèmes, sera une occasion unique de faire connaissance et dès lors confiance pour la réussite de nos échanges. Comment en effet,  pourrions-nous être motivés à échanger si nous ne connaissons pas l’interlocuteur ? Dans ce cas, la prudence sinon la méfiance prédomine tout naturellement.

Enfin l’esprit critique et d’analyse-généré par le « groupe de réflexion » nous permettra de nous interroger sur nos échecs et nos difficultés avant qu’ils ne deviennent ingérables mais sera aussi une extraordinaire source de proposition.

Et puis aujourd’hui, nous avons un outil exceptionnel : Internet, que bien peu d’entre nous possédaient dans les années 2000, un outil qui nous a permis en moins de 2 mois, de faire – sans même nous connaître – charte, statuts et règlement intérieur, un site de qualité, d’ores et déjà opérationnel…

A nous de nous retrousser les manches, la réussite de RéuniSEL est à ce prix et à la quantité – bien dans l’air du temps – nous préfèrerons toujours la sincérité de membres de qualité !

Patrice LOUAISEL
Président de RéuniSEL

  • Auteur/autrice de la publication :
  • Publication publiée :10 mars 2012
  • Post category:SEL et société