enfant travaillant seul dans un atelier textile

 

 

 

 

 

 

 

 

petite fille dans un atelier de tissage

 Toute ménagère, en proie à la « fièvre acheteuse » aura remarqué que ces derniers temps le prix de vêtements a plutôt baissé en France. On retrouve des marques bien françaises mais qui pour des raisons d’économies salariales conséquentes ont délocalisé leur production au Bangladesh (2e fournisseur de textiles de France). Pour les français, ce sont des entreprises qui ferment en nombre avec leur cortège de chômeurs.

Ces  emplois « exportés » dans les pays en voie de développement constituent ils une opportunité pour ces population qui vivent dans un extrême pauvreté avec souvent moins d’un Euro par jour pour faire vivre la famille ?.

L’émission récente de Vendredi 18 Mai sur France 2, « Cash Investigation » a voulu en savoir plus…

 L’industrie textile constitue 80 % des exportations du Bangladesh et les « petites mains » qui fabriquent nos vêtements sont essentiellement féminines. Officiellement, on annonce 80 000 unités de production. En fait, il y en aurait plus du triple … Toutes de sous-traitance.

Sur les clips publicitaires,, on vous montrera des conditions de travail  idylliques. Pourtant à y voir de plus près la réalité est toute autre.

 Les journalistes de  » Cash Investigation » ont voulu en avoir « le coeur net ».

Ils se sont d’abord heurtés à des refus quand ils ont demandé à visiter les ateliers. Ils vont très vite en comprendre les raisons…

 C’est « déguisés » en acheteurs potentiels spécialisés dans l’habillement au bénéfice d’une grande marque française et en caméra cachée qu’ils ont enfin pu s’introduire dans un de ces ateliers du Bangladesh.

 Dans l’un d’eux, IKEA, cette grande marque nordique, habille ses employés : On y constate des conditions d’exercice insalubres, des horaires scandaleux …

 Dans un autre, c’est notre enseigne MONOPRIX qui est en bout de chaine. Chez ce sous-traitant du Bangladesh, on travaille plus de 60H/semaine …

La journée débute à 8H et à 20H nombreux sont les employés à être encore à leur poste de travail. Alors que la loi interdit de faire travailler des enfants de moins de 14 ans, ils sont nombreux à faire partie du personnel.

 Les journalistes de « Cash Investigation » les ont suivi jusqu’à leur bidonville, cherchant à les interviewer. L’un d’entre eux, 17 ans,  a annoncé 72H de travail hebdo (soit le double du travail autorisé par la loi).  Khadija, 13 ans, vit dans ce même bidonville avec des parents trop malades, malgré leur trentaine, pour travailler. Elle aussi travaille 72H/semaine pour fabriquer shorts et pantalons pour MONOPRIX. Elle se déclare très affligée de ne pouvoir pour ces raisons économiques retrouver ses copines à l’école.

 Retour en France : les journalistes de l’émission demandent à rencontrer le directeur de la communication. Celui-ci les accueille en confiance, affirmant avoir signé un engagement,  une « charte éthique » qui ayant une fois constaté une dérive ont immédiatement arrêté toute production dans l’usine, envoyé un audit, et ont aussitôt retiré les vêtements incriminés des rayons.

Face à la vidéo illustrant les manquements à cette charte, ils ont joué les scandalisés, affirmant qu’ils vont intervenir sur le champ…

 Dans une autre unité de production, les journalistes remarquent le tea-shirt LECLERC : « Nettoyez la nature » fabriqué en 2010.

Les journalistes y remarquent que la moitié des travailleurs ont moins de 15 ans, une dizaine entre 10 et 12… (3 audits-arrivés confidentiellement à la rédaction le prouvent). En raison de leur code d’éthique, ils auraient dû refuser la commande… et 100 000 tea-shirts ont alors été expédiés en France. La campagne publicitaire de cette société affirme  » un commerce éthique, équitable, responsable… » Le patron de Leclerc prétend avoir interrompu depuis toute relation.

 Contactée, une O.N.G locale  a enquêté : un quartier pauvre … au fond d’un hangar surchauffé et mal éclairé des « sableurs » projettent du sable haute pression pour blanchir et vieillir des jeans qui seront vendus ensuite en France. 12H/jour, dans des conditions déplorables, ils sont exposés à la silicose, une infection pulmonaire mortelle. Ils sablent pour le plaisir de nos yeux et satisfaire la mode 500 000 pièces/mois.

 Approche de LINDEX qui détient 400 magasins en Europe du Nord.

Cette société prétend ne pas utiliser le sablage. Mis devant des preuves vidéo en caméra cachée, ils affirment qu’ils vont renforcer les contrôles.

 Chaque semaine, l’O.N.G emmène des malades à « l’Institut National des Maladies Pulmonaires » qui constate un nombre alarmant de sujets victimes de défaillances respiratoires sévères puis cardiaques. Un sableur interviewé dit ne plus pouvoir courir, ni monter des escaliers.

 Un rapport d’audit confidentiel-arrivé confidentiellement sous forme de clé USB à la rédaction de France 2- affirme que le salaire minimal légal n’est pas respecté à 76 % et que le travail des enfants y est important. Il s’agit là de la marque « Zara », le paradis de la fringue low-cost affichant 5527 boutiques dans le monde entier.

 LINDITEX est censé contrôler avec un système de notation des conditions d’hygiène et d’exercice de A (la meilleure) à D (la plus mauvaise) pour justifier de son label qualité mais surtout de son code d’éthique.

En 2009, un rapport confidentiel démontre que tous les établissements recueillent la note D. Ils ont en fait plus de 2 000 sous-traitants aux conditions d’exercice déplorables (ateliers sombres, problèmes d’hygiène etc…) Nombreux sont les employés qui dorment sur place à même le sol, au pied des machines à coudre.

 LINDITEX France a refusé l’interview de France 2. Les journalistes se sont alors rendu auprès du grand patron à Madrid, en Espagne.

Sa société est pourtant célèbre pour son engagement solennel à lutter contre le travail des enfants. Toujours le même discours d’accueil : ils ont signé une charte d’éthique et de déontologie et s’ils détectent la moindre faille, ils interviennent immédiatement… En fait, l’essentiel de leur production est faite par de multiples sous-traitants sur lesquels ils n’ont aucun contrôle réel possible.

 Rencontre avec SARA France. Sur un rapport de 2009, ils ont constaté que sur leurs 24 fournisseurs, tous avaient la note D, la plus catastrophique : problèmes de salaires, d’horaires, d’hygiène, de travail des enfants…

Ces 24 fournisseurs sous-traitent avec 2000 entreprises… Comment dès lors le contrôler ?

 Cet excellent reportage démontre une fois de plus que malgré les affirmations éthiques des grandes marques- en but à des campagnes  d’information et de dénonciation- la délocalisation dans des pays pauvres sans lois protectrices ni syndicats génère des conditions d’hygiène et d’exercice déplorables, notamment en raison de la multiplication du nombre de sous-traitants- dès lors incontrôlables.

 Consommateurs de ces produits, Nous sommes co-responsables de ces conditions lamentables, et il est de notre devoir d’informer mais surtout de boycotter les entreprises et produits incriminés.

 PL

  • Auteur/autrice de la publication :
  • Publication publiée :19 mai 2012
  • Post category:SEL et société