Arrètons de stigmatiser les roms !

Je n’ai jamais autant regretté d’être français qu’aujourd »hui…quand on voit notre ministre de l’intérieur vouloir « bouter les roms hors de France » comme il le fait. Il y a peu, France 2 en « remettait une couche » dans un récent numéro d »Envoyé Spécial, émission qui d’ordinaire cherche à aller un peu plus loin… Dans cette émission, les roms sont taxés de tous les maux de la terre : voleurs, voyous
enfants manipulés par leurs parents pour voler… mais s’est on demandé pourquoi ? La France-pays des droits de l’homme- a t’elle rempli sa mission d’intégration à l’égard de ces populations ?

 

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Un peu d’histoire

« rom » signifie  » homme accompli et marié au sein de la communauté ». Il s’agit d’un ensemble de populations d’origine indienne dont les langues initiales sont originaires du Nord-Ouest de l’Inde.

Présents en Europe dès le XIe siècle, c’est la minorité la plus importante en terme numérique.

Les études linguistiques envisagent vers la fin du XVIIIe siècle des origines indiennes aux Roms. Longtemps installés en Perse mais refusant de se consacrer à l’Agriculture, ils décident de migrer, certains vers le Sud-Ouest et l’Egypte, les « Caraques », les autres vers le Nord-Ouest et l’Europe, les « Zingares ». L’Inde du Nord semble donc être la zone d’origine des « Roms » comme en témoignent la linguistique et la génétique comparées. Au plan génétique, on parle de 32 à 40 générations situées au Sind et au Pendjab, régions dont les langues locales se rapprochent le plus de celle des « roms ».

des hors-castes pourtant bien utiles

Dans la société indienne de castes, les bouchers, équarisseurs, tanneurs, ferronniers, bucherons, fossoyeurs, éboueurs, chiffonniers et saltimbanques étaient impurs et n’avaient pas le droit d’être sédentaires. Il leur fallait aller de village en village pour proposer leurs services et on les accusait facilement de tous les maux puisque nomades…

Ils choisirent alors de prendre la route…

Partis du Nord de l’Inde vers l’an 1000 en direction du plateau iranien ( Afghanistan, Iran, Arménie, Caucase, Turquie…) où on les appelle « kaoulis » où ils se proposaient comme charriers et éleveurs de chevaux notamment, ils gagnérent l’Europe au XIIe siècle, où ils se mirent sous la protection des seigneurs et des nobles pour exercer leurs métiers traditionnels. l’empire byzantin en accueille dès le XIVe siècle où ils deviennent ferrailleurs, ferronniers et chaudronniers. Au XVe siècle, ils se dispersent dans toute l’Europe (Hongrie, Allemagne, Suisse…)
et on trouve les premiers camps en 1419 à Chatillon sur Chalaronne, Macon et Sistéron en France.

Stigmatisés, indésirables et maltraîtés partout

Depuis le XVe siècle leur choix du nomadisme et leur attitude marginale inquiète. On les accuse alors de tous les maux de la terre : maraude, vol de poules, de chevaux et même d’enfants…

Ils deviennent dès lors indésirables et tombent dès le XVe siècle sous le coup de décrets allant de l’expulsion à l’exigence de sédentarisation, les récalcitrants sont emprisonnés, mutilés et envoyés aux galères…

En Roumanie, ils sont forains, ferronniers, forgerons, rétameurs, fossoyeurs, chiffonniers, saltimbanques, musiciens…

les ROMS en Europe de l’Est

Jusqu’en 1989, les « Roms » avaient été contraints à se sédentariser. En échange de l’abandon de leur culture et de leur mode de vie traditionnels, on leur « offrait » un statut précaire de prolétaires; Ils travaillaient dans l’industrie, le batiment et l’agriculture et étaient protégés des agressions racistes. Ils avaient des revenus stables, le gouvernement leur fournissait des logements, leurs enfants allaient à l’école et obtenaient souvent des diplômes universitaires. Avec l’arrivée de l’Economie de Marché, le système s’est effondré. Quand les entreprises d’Etat furent privatisées, ils furent les premiers à perdre travail, garanties sociales et logements.. avec un taux de chômage de près de 50%. Ne trouvant plus d’emploi, ils s’entassèrent dans des camps sordides à l’orée des villes avec l’espoir d’y trouver quelque travail et à défaut de mendier.

Répartition géographique des Roms en Europe

C’est en Turquie (2. 750 000 roms) et surtout en Europe de l’Est ( Roumanie (1. 850 000), Hongrie (750 000) Bulgarie (750 000) Serbie (600 000) et Slovaquie (490 000) que résident la majorité des roms
(1 à 10 % de la population de ces pays.)

Une intégration exemplaire en Espagne ..

C’est l’Espagne qui avec 750 000 roms en a accueilli le plus en Europe de l’Ouest et a intelligemment su les accueillir et les intégrer. Ce pays a très vite noté ce qui posait problème pour

l’intégration de cette population : Le nomadisme qui la caractérise depuis toujours n’en facilite pas l’éducation uniquement prévue en Europe pour les personnes sédentarisées. La très grande

pauvreté de cette population d’une part, et la tendance générale à lui refuser l’accès au logement et à l’emploi expliquent pourquoi elles sont aujourd’hui marginalisées. Depuis 30 ans, la

communauté gitane a énormément changé malgré toutes ces difficultés. Et tout d’abord, du fait de sa jeunesse (moyenne de 28 ans alors qu’elle est de 41 ans dans la population espagnole).Cette

génération que l’on a aidé à se sédentariser a pu bénéficier du système éducatif a largement contribué à l’évolution de cette population. Aujourd’hui, pratiquement tous suivent le primaire dans son

intégralité. Au niveau du secondaire, 60 % des garçons et 39 % des filles le sont encore ce qui prouve qu’il y a encore des résistances culturelles à vaincre. Comme dans toutes les communautés

très pauvres, les enfants sont sollicités pour « travailler », et à défaut voler …ou mendier ! L’éducation et la santé pour tous, c’était aussi pour les gitans dans ce pays ! ainsi que les logements

sociaux et les minimaux de retraite.. Si en 1978, 75 % d’entre eux vivaient dans des logements insalubres, ils ne sont plus désormais que 12 %, ce qui leur permet de se mélanger au reste de la

population espagnole, d’avoir accès à des ressources et emplois élargis. …Il reste toutefois encore une résistance : seuls 36 % des gitans sont salariés…

La France, un très mauvais élève…

n’a pas encore compris que non seulement une grande partie de ses 400 000 roms -même s’ils sont nomades- sont de nationalité française, et ne peuvent donc être renvoyés dans leurs

pays d’origine (au fait l’Inde ou l’Europe de l’Est ?) sans revenir en France à la première occasion, d’autant qu’au 1/01/2014, il y aura la libre circulation en Europe.

Elle n’a pas tenté non plus de la sédentariser, la plupart des maires de France se refusant-sous la pression de leurs électeurs- à mettre à disposition des roms des terrains communaux comme la

Loi française pourtant l’impose.. Et c’est sans doute ce qui n’a pas encore permis à ces enfants d’être scolarisés, d’accéder à un emploi et donc à un logement et les contraignant à mendier ou à voler…

  • Auteur/autrice de la publication :
  • Publication publiée :23 novembre 2013
  • Post category:questions sociales