Quelle surprise ! Notre webmaster a cru bon pour se simplifier la tâche de s’adresser à un site proposant des « systèmes de gestion ». Et pourquoi pas ?

Leur réponse fut un refus car « nous ne présenterions pas de caractère social ». Allons donc !

C’était sans doute croire que nous parlions le même langage : eux qui appartiennent et ne se démarquent pas de la société de profit et nous qui tentons de vivre à côté… avec d’autres valeurs que « l’argent-roi » !

Le simple fait de « proposer une monnaie alternative » d’une part, de ne pas faire que du « don » ou du « prêt » d’autre part, nous maintiendrait dans le système marchand ?

Tout d’abord, le « Grain de sel » n’est pas une « monnaie alternative » – leur seule référence sans doute – mais une simple évaluation de l’importance des échanges. Ce qui est tout à fait différent. Un service ou un savoir est évalué en temps. Où se situe la « monnaie alternative » ??

Admettons que le G.S soit une « monnaie alternative » ; à la différence de l’argent, ne permet-il pas en particulier à des personnes démunies et sans ressources de « consommer » ce dont ils sont quotidiennement privés ? Et pour les autres de se faire plaisir sans compter ?

Ne peut-on pas dès lors affirmer le caractère éminemment social du SEL ?

Cela n’a d’ailleurs pas échappé à nombre de Conseils Généraux et de services sociaux qui l’encouragent auprès de leur public surendetté et érémiste – notamment du côté de Plateau Cailloux.

Si l’on en croit cet organisme, qui nous a refusé notre caractère social, « faire du social » consisterait à prêter ou à donner…

Quelle notion arriérée du « social » dans notre pays ! Celle qui consiste à distribuer, à donner – et donc à acheter les bulletins de vote bien souvent – à tout vent, histoire de se soulager la conscience…

Même la plupart des organisations humanitaires ont compris depuis longtemps qu’il fallait arrêter de distribuer sans la moindre « contrepartie » de réflexion, d’engagement et d’investissement des populations sinistrées. Qu’ils soient les artisans de leur progrès et de leur développement les rend autrement plus motivés, responsables et autrement moins assistés et dépendants !

Sortir des populations de la misère en « faisant du social » ne devrait plus être aujourd’hui de l’assistanat – comme cela se fait encore trop souvent pour des raisons bassement politiciennes – mais à consister à demander en face de cette solidarité une contrepartie, un effort, celui par exemple de l’échange par le SEL qui a le mérite de ne pas considérer l’autre comme un mendiant ou un assisté.

Notre système a enfin l’immense mérite de ne pas laisser ceux qui désirent y participer « au bord du chemin ». Par l’esprit de solidarité inhérent au SEL, par la prise de conscience de l’individu qui au départ a l’impression d’être un incapable – puisque la société actuelle refuse de l’intégrer en lui offrant du travail – se voit finalement et après réflexion et accompagnement du groupe plein de potentialités, de capacités et de richesse intérieure qui lui permettent à son tour d’être revalorisé et d’offrir à son tour aux autres des services et des savoirs que notre société nie et méprise, lui donnant l’impression d’être inutile.

Alors RéuniSEL ne fait pas de social ?

Patrice LOUAISEL
ex-Président de Frères des Hommes Réunion