Le débat sur le libre accès à l’eau, bien public au bénéficie de tous les habitants du monde et de plus en plus rare, est ici lancé …

A propos de la 1e entreprise agro-alimentaire au monde…

Intéressante cette émission sur la firme suisse Nestlé, diffusée le 6/10 sur la chaine ARTE.

On y apprend que cette société forte d’un effectif de 280 000 salariés et bénéficiaire d’un C.A de 80 milliards d’euros sait en effet très bien gérer ses intérêts surtout quand elle les prend sur un bien public gratuit : l’eau

Ainsi Nestlé a installé dans un pays africain des puits de forage en profondeur sur des nappes phréatiques jusqu’en 2004 pour en récupérer l’eau et la mettre en bouteille mais que pour des raisons de rentabilité, elle les a interrompu. Quand les journalistes ont voulu savoir pourquoi, ils ont trouvé porte close désireux qu’ils le sont de limiter leurs entretiens qu’à de réelles opérations de pub.

Aux USA, principal marché, la division EAU de NESTLE n’a payé l’accès aux sites susceptibles de lui permettre des opérations de pompage que 10 $ pour 30 000 litres d’eau de source. Question /A qui appartient l’eau ? Si certains maires ont accepté ce marché proposé par Nestlé car générateur d’emplois et de taxes communales, plusieurs villages s’y sont opposés car « ces opérations de pompage pollueraient l’étang voisin ». Nestlé a alors porté plainte contre les communes concernées. Et comme Nestlé a des avocats performants et sait intéresser les édiles communales, ils « seraient très forts pour « tourner les lois à leur avantage, se moquant éperdument des conséquences sur l’environnement ». Il soignent d’ailleurs généreusement leur image en offrant des bouteilles gratuites lors des courses cyclistes ou autres manifestations sportives, en guise de pub. Or, s’amuse un participant, s’il s’agit de la même eau que celle qui sort de leurs robinets et les habitants ici utilisent l’eau de source de Nestlé pour se laver les mains et faire fonctionner leur chasse d’eau. »

Un prix Nobel s’indigne : « Ils se comportent comme des chercheurs d’or : ils puisent et s’en vont. Ce sont des prédateurs » Selon elle, l’eau est un besoin et non un bien marchand. Doit-on laisser privatiser la production publique d’eau et ne la rendre accessible qu’à ceux qui ont les moyens de la payer ?

Quand des habitants s’opposent aux forages, (hormis les pollutions, il y a passage de milliers de camions/jour sur la zone) ils sont prêts à acheter et tenter de corrompre les opposants aux forages. 3 milliards de litres d’eau sont puisés annuellement dans le Maine, or un camion-citerne repli rapporte 35 000€…

Depuis quelques temps, Nestlé a introduit pour conquérir de nouveaux marchés une nouvelle eau en bouteille dans les pays du tiers monde : « Pure life ». Celle-ci produite dans 27 pays est l’eau en bouteille la plus vendue au monde.

Le Pakistan avec ses 180 millions d’habitants a servi de marché test. Alors qu’avant il n’ y avait aucun problème pour se procurer de l’eau gratuitement, aujourd’hui un simple verre d’eau coûte 15 roupies. Se gardant bien d’aider les villages à rénover les conduites d’eau communales- pleines de carbone et dégradées- ils épuisent les sources d’eau de la ville puis inondent le marché. Or, la bas, il n’ ya que les classes moyennes et supérieures qui peuvent se payer de l’eau. Déambuler dans le village aujourd’hui avec une bouteille d’eau « Pure life » est désormais un signe de réussite sociale.

Parallèlement, on constate que le niveau de la nappe phréatique a baissé de 30 à 120 m et que la plupart des puits du village se sont asséchés. A qui appartiennent les nappes d’eau souterraines ? En fait, il n’ ya pas de lois, Nestlé puise des quantités d’eau de plus en plus importantes et s’en va quand l’exploitation n’est plus rentable.

Dans le village, ce qui reste d’eau-polluée- génère en quantité diarrhées, hépatites et problèmes intestinaux notamment chez les enfants. Aujourd’hui 900 millions d’habitants de notre terre n’ont pas accès à l’eau potable.

A Lagos (15 millions d’habitants), l’eau est désormais vendu en bouteilles et en sachets. Si elle est emballée, elle n’est pas forcément potable. « Pure life’ y est vendue depuis 2005. Nestlé tire profit de la faiblesse des Etats, l’eau n’arrive désormais plus au robinet. Les familles modestes pour la plupart en sont réduits à dépenser plus de la moitié de leur budget pour en acquérir. La mauvaise qualité de l’eau est la première cause de mortalité dans ces pays.. Certains estiment qu’il faudrait demander à la banque mondiale de financer l’approvisionnement gratuit en eau.

Autre problème : la pollution. 4 bouteilles sur 5 finissent dans la poubelle ou dans la mer et le ventre des gros poissons.

New York-un des principaux marchés de NESTLE- bénéficie d’une des meilleures eaux disponibles au robinet au monde, mais Nestlé
cherche à modifier les comportements par l’achat d’eau conditionnée
en bouteille. Il y a sans cesse des procès mais Nestlé a mis en place hormis ses avocats des conseillers en communication…

Pourtant, parfois, dans certaines régions, sous la pression de ses habitants, Nestlé a été contraint de retirer ses puits. Ceux-ci en effet ont su s’appuyer sur un « arreté constitutionnel » protecteur des populations. Les réserves naturelles ont ainsi pu être préservées et y fut interdit l’usage commercial de l’eau. S’ils ont réussi à triompher contre le géant de l’agro alimentaire, quel pays du tiers monde pourra en faire autant ?

A qui appartient l’eau de notre planète ?

Il y a déjà quelques décennies, un collectif d’associations humanitaires oeuvrant pour l’aide au développement du tiers-monde, regroupées sous le vocable « Afrique verte » pour unir leurs compétences s’étaient déjà opposées à Nestlé. En effet, la firme, toujours soucieuse de développer ses marchés en était arrivée à convaincre-et corrompre- les personnels des maternités de promouvoir le lait en poudre de leur fabrication et de décourager l’allaitement au sein. Or dans ces pays en développement, l’eau-polluée-mélangée au lait du biberon génère la mort-par diarrhées notamment- de plus d’un million d’enfants/an.
De plus par souci d’économie, les mères faisaient des économies de lait en poudre, réduisant du même coup une croissance harmonieuse de leur progéniture…et affaiblissant des organismes déjà malnutris.
Or, on sait aujourd’hui que l’allaitement au sein est largement recommandé à double titre. On sait déjà que le lait de vache ne remplacera jamais le lait maternel. Pour l’enfant, il est plus nutritif et comporte des éléments indispensables à sa santé qui n’ont pu être produits autrement. Par ailleurs, tout le temps que la mère allaite, il y a peu de chance qu’elle engrange une nouvelle grossesse, ce qui est fort utile pour éviter des grossesses rapprochées, notamment dans ces pays en développement à natalité exponentielle.

Enfin, les psychologues de l’enfance ont plus que démontré que nourrir son bébé au sein était un élément fondamental de l’attachement affectif futur que celui-ci aura à l’égard de sa mère….

  • Auteur/autrice de la publication :
  • Publication publiée :7 octobre 2012
  • Post category:alimentation / écologie